La présence à Prevelles de la famille La posthoire puis La poustoire et enfin Lapoutoire est attestée à Prevelles depuis la fin du XVIème siècle. Les enfants de "deffunt Sébastien La Posthoire", Sébastien, François et Marie, se marient vers 1600 et sont déclarés originaires de la paroisse de Prévelles. Une autre branche de la famille est établie à la même époque à Saint Georges du Rosay village voisin.

Sébastien est à l'origine d'une longue lignée de Lapoutoire à Prévelles (dont un François à chaque génération!) jusqu'à Ludovic Barbé, fils d'Aimée Lapoutoire et de Pierre Barbé, qui treize générations plus tard, sera le dernier représentant de cette lignée de fabriquants de sifflets.

Malheureusement, les registres paroissiaux anciens de Prévelles ne permettent pas de connaître les professions mais la famille est une famille aisée dont les parrains ou marraines des enfants au XVIIème sont souvent notaires ou prètres. Si beaucoup de familles de potiers ont marqué le village de Prévelles, (les Péan, Beaufils, Galmard, etc.) les Lapoutoire sont peu liés à ces familles.

En 1642, un François Lapoutoire déclare "une couverture de fourneau à faire cuire pot et le vieil fourneau étant au dessous" au hameau de La Croix-Bigot. Il est un notable du village puisqu'il sera inhumé dans l'église en 1666.

Les registres paroissiaux deviennent de plus en plus précis ainsi on peut savoir que son petit fils François est installé comme potier au "Portail" dans le bourg de Prévelles et à son décès en 1758, son fils et son gendre signent le registre. La déclaration de biens de son fils Pierre reflète l'aisance de la famille. La maison à cheminée possède deux chambres dont une avec cheminée. Le four dans la cour close est couvert d'une halle et Pierre Lapoutoire possède plusieurs champs. Il possède à rente deux maisons à cheminée et four "les Grandes-Maisons" où il décède en 1795.

Déclaré comme potier dans les actes de 1751 à 1795, il se déclare aussi marchand à son mariage.

Son fils ainé François est marchand et chaussumier (fabriquant de chaux) et déclaré comme propriétaire à son décès en 1833.

C'est son deuxième fils Joseph qui exerce la profession de potier au Portail et demeure aux Grandes-Maisons avant d'aller s'établir comme propriétaire et marchand de bois à Bonnétable au début du XIXème siècle. Le troisième fils Hilaire est cité une fois comme potier mais le plus souvent comme marchand de toile puis propriétaire cultivateur.

Joseph a un fils, Joseph François, mais qui ne reprend pas la poterie et est sans profession propriétaire à Bonnétable.

Tandis que le fils ainé (François!) de notre chaussumier est l'aubergiste cabaretier du bourg de Prévelles, le deuxième fils, Pierre, travaille donc à la poterie qui a sans doute été rachetée à Joseph avant son départ à Bonnétable.

On peut déduire de ces transmissions que la poterie des Lapoutoire était très rentable car elle permet à chaque fois d'installer le fils ainé tandis que le cadet reprend la poterie.

C'est avec Pierre Lapoutoire (1805-1856) qu'on apprend la spécialité de cette poterie. Il est en effet déclaré comme fabriquant de petits sifflets en 1833.

Il s'installe en 1838 au village voisin de Saint Denis des Coudrais dont sa femme est originaire et reprend sans doute la ferme de ses beaux parents car il y est déclaré enuite autant comme cultivateur que comme potier.

Les enfants de François, le cabaretier de Prevelles, exercent aussi la profession de potier. L'ainé, François Honoré (1824- ), sera même directeur de la fabrique de la Villa-du-Rond à Bonnétable de 1876 à 1878. Son frère Hilaire (1834- ) s'installera vers 1872 à Bonnétable où il produira des sifflets et jouets d'enfant. Cette production sera reprise par ses trois filles jusqu'à la fin du stock de terre.

A Prévelles, Eugène (1844-1914) puis son neveu Ludovic Barbé (1872-1952) seront les derniers fabriquants de sifflets du village.