Cette situation n'est pas spécifique aux sifflets en terre cuite. Les terres vernissées provençales font l'objet de plus de livres montrant de belles photographies que d'études scientifiques. Grace aux recherches effectuées dans le cadre des fêtes de la céramique biénales "Argilla" à Aubagne, cette très riche production commence à être mieux connue.

Ces quelques pages sur les sifflets en Provence sont un appel aux collectionneurs de poteries provençales. Qu'ils n'hésitent pas à signaler les erreurs, les oublis ou à communiquer les catalogues ou documents qui pourraient permettre d'améliorer ces pages.

Un seul sifflet médiéval a été trouvé sur le sol de la région à Avignon (stricto senso dans le Comtat Venaissin). Ce sifflet est un petit sifflet à eau daté du XIVe siècle mais il provient de la région voisine du Languedoc.

Il ne faudrait pas en déduire l'absence de production provençale antérieure au 19ème siècle. Il est probable que des fouilles ulterieures livreront comme dans les autres régions des témoins de la production méridionales.

De plus, là où l'archéologie demeure muette, les écrits prouvent qu'à la fin du 18ème siècle, les sifflets étaient fabriquées en Provence.

Les livres de comptes de Laugier et Chaix à Moustiers nous indiquent

"le 12 juin 1780 vente de biberons, cavaliers et poupées avec sifflets"

Le musée Arlaten possède dans ces vitrines trois de ces sifflets: une femme, un homme et un gendarme.

Il faut completer cette série par un sifflet d'une collection privée en forme de personnage religieux.

Les personnages sont peints à froid et non glaçurés.

Le bicorne du gendarme indique une production probable durant la deuxième moitié du 19ème siècle car le bicorne a été la coiffure des gendarmes jusqu'en 1904.

Comment s'appelaient ces sifflets? Heide Nixdorff parle pour les sifflets du nord de la provence de "mariouneto". Ce terme n'est jamais cité par les écrivains régionaux. G Curtils-Boyer dans son article sur les petits objets dans la faïence de Moustiers s'interoge aussi sur les termes de "rigoulos" ou "cocus" utilisés par l'abbé Requin, chercheur régionaliste de la fin du 19ème siècle. Celui-ci ne précise malheureusement pas ces deux termes.

Ces sifflets correspondaient-ils à une production ancienne traditionnelle comme en Italie ou refletent-ils seulement la production d'un potier italien installé en Provence?

Seule la découverte d'autres sifflets de ce type permettrait de répondre.

Le nom de "rossignol" employé aujourd'hui pour désigner les sifflets à eau en forme de cruche laisse deviner la production de sifflets à eau en forme d'oiseau semblables à ceux des autres régions françaises au 19ème siècle.

Là encore, une telle production reste à découvrir. Les sifflets des musées locaux en forme d'oiseau sont des sifflets globulaires. Ces sifflets appelés "coucous" dans les autres régions seraient plutôt les "cocus" cités par l'abbé Requin?

Plusieurs sifflets en forme d'oiseau connus dans des collections ne se rattachent pas aux productions des autres régions françaises. Dans l'attente d'études plus précises, ce sont les meilleurs candidats au terme de "rossignols".